II. Introduction
II.1 Problème : Le sujet invite à se prononcer sur la nature des rapports entre les différentes cultures/ l’attitude vis-à-vis des autres cultures/ la valeur des autres cultures ! la manière dont nous percevons ou jugeons les cultures qui sont différentes des nôtres. Il s’agit, en fait, de {interroger sur la problématique de la coexistence/cohabitation des culturels ; notamment celle du relativisme culturel.
II.2 Problématique : Ce problème peut être décliné en problématiques ainsi qu’il suit :
La multiplicité des cultures ne les condamne-belle pas à entretenir des rapports conflictuels ?
La culture de l’autre n’est-elle pas toujours regardée avec mépris et dédain en ceci que le non-nôtre est toujours assorti de catégorisation péjorative ?
La pensée de Montaigne, même si elle exprime adéquatement la cohabitation plus ou moins tendue entre les différentes cultures, n’invite-t-elle pas à rechercher les lieux possibles de la tolérance culturelle dans un monde qui se mondialisé sous la forme d’un darwinisme culturel ou d’un eugénisme culturel ?
Faut-il s’accorder avec Montaigne que la barbarie, expression de ce qui n’est pas civilisé, relève simplement de la divergence des cultures ? Est-il légitime de taxer les autres de barbares ou sauvages au simple motif que leurs us et coutumes seraient différents des nôtres ?

III. Plan possible
III.1 Thèse : Explication/analyse de la pensée de Montaigne : toute culture qui n’est pas nôtre est taxée de barbare
En fait, pense Montaigne, le regard porté sur les cultures des autres est toujours subjectif, dépréciatif, dénigrant discriminatoire. L’auteur met exergue la xénophobie culturelle qui semble caractériser chaque être humain.
Argument 1 : Les cultures des autres sont toujours considérées comme mauvaises. Ce que les autres font, leurs manières d’être et de faire est d’emblée rejetée. Les étiquettes sont vite trouvées : hier, « eux » et « nous » ; aujourd’hui « tontinards » ou << sardinards » ; toujours est-il qu’on est loge’ et coincé dans une assignation péjorative et inquisitrice. On a les déchus d’un bord et les élus d’un autre bord. Telle est la triste réalité à laquelle a très souvent conduit la cohabitation des cultures.
Argument 2 : Le rejet des autres cultures s’accompagne de la survalorisation de notre propre culture. Chaque groupe culturel, mu par un égoïsme et aux autres, dans un certain protectionnisme qui pousse ses membres à développer ce qu’on pourrait appeler des « mécanismes de défense » contre toute forme d’agression ou d’assimilation venant des autres.
Désormais, différences riment avec divergences, particularismes et exclusion/rejet. Ainsi, la cohabitation sociale se vit selon des rapports continuellement tendus et générés par l’exclusion de l’autre.
Arguments 3 : La conséquence en est cette volonté d’effacer les autres cultures et d’imposer la nôtre comme culture d’élite. La mondialisation peut d’ailleurs se lire sous le prisme de la volonté d’imposer la culture occidentale aux autres peuples.
Argument 4 : Il en résulte des crispations, des frustrations qui poussent aux attitudes réactionnaires et à une sorte de protectionnisme culturel. C‘est ce que montre Samuel Huntington dans Le choc des civilisations ou encore Benjamin R. Barber dans Djihad contre MacWorld.
Conclusion partielle : Ainsi, il apparaît fort clair que le pluralisme cul turc est toujours assorti d’un regard inquisiteur et dénigrant sur les autres cultures.
Transition : Toutefois, faudra-t-il toujours voir dans les pratiques culturelles des autres des éléments à rejeter, à éliminer ? La différence culturelle, n’est-elle que motif de conflits ?
IIL.2 Antithèse : Objections à la pensée de Montaigne : La positivité de la diversité culturelle
Même si la diversité culturelle semble a priori s’apprécier sous le mode de la conflictualité, il n’est pas évident qu’elle ne soit en réalité que porteuse d’adversité entre les hommes.
Argument l : L’absurdité de la hiérarchie culturelle et les velléités d’hégémonie alimentent insidieusement les conflits culturels, Aimé Césaire, dans son Discours sur le colonialisme pensait justement qu’exploiter la différence culturelle en sa faveur pour nuire aux autres ou les vilipender, constituerait non seulement une offense à la conscience morale universelle, mais aussi l’une des plus grandes bêtises de l’homme moderne. Aussi écrivait-il que : « Le colonisateur qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s‘entraîne à le traiter en bête, tend objectivement à se transformer lui-mente en bête ».
Argument 2 : Essentiellement, les cultures n’ont rien de conflictuel. C’est ce que pense Karl Marx qui estime au contraire que c’est la dynamique antagoniste de rapports de production, au fondement des classes sociales, qui génère les contradictions qui, à leur tour, causent des conflits sociaux.
Argument 3 : La fragmentation sociale sur la base des spécifications culturelles est corrosive à l’édification de véritables États-Nations. A cet effet, Eric Fattorine, dans Besoin d’Afrique, disait qu’« On ne battit pas une société sur des isolements, il faut un minimum d’horizon commun ».
Argument 4 : Le rejet de l’autre est en réalité auto-rejet dès lors qu’on admet que nous avons tous la même humanité, la même dignité. Tel est le sens du message de Lévi-Strauss, pour qui « Le barbare, c’est l’homme qui croit à la barbarie »
Comme on peut le constater, ma citoyenneté/ nationalité /humanité doit remporter sur mon identité qui n’est alors qu‘une infâme panic de mon « être homme » : en réalité, on n’est jamais citoyen d’une tribu, d’un groupuscule et ou ne peut en être qu’un membre. En ce sens, la détermination du naître ne doit en aucun cas avoir de la préséance sur la promotion de Vôtre. La tribalité, par exemple, n’est donc pas un obstacle à ma citoyenneté voire à mon humanité. En revanche, si cette tribalité dégénère en tribalisme, cela est immoral et incivique.
Transition : Si la diversité culturelle n’est pas en soi une source de conflits entre les hommes, comment peut-on réussir une cohabitation heureuse entre les cultures ?
Comment les dérives naturelles générées par la diversité culturelle peuvent-elle être jugulées en vue d’assurer à nos États et à notre humanité contemporaine décadente un passage harmonieux de l’hétérogénéité à l’homogénéité ?
III.3 Synthèse, intérêt/valeur de l’affirmation de Montaigne : diversité culturelle et enrichissement : positiver l’altérité et la diversité
On comprendrait ainsi mal la dénonciation par Montaigne de tout regard négateur sur les cultures des autres dans un monde — celui de la mondialisation — où la cohabitation culturelle semble se dérouler sous le mode de la stigmatisation. Mais, alors comment entrevoir les rapports entre les cultures pour une existence sociale apaisée et détendue ?
Argument 1 : Tout part du principe d’égalité biogénétique entre les hommes. Selon Louis de Jaucourt, cette égalité « est fondée sur la constitution de la nature humaine commune à tous les hommes, qui naissent, croissent, subsistent et meurent de la même manière » et «la nature humaine se trouve être la même dans tous les hommes ». Il n’y a « qu’une race d’hommes : l’homo sapiens et les spécificités culturelles constituent ce qu’Aristote appelle des « accidents » et n’altèrent nullement notre nature humaine commune. Toute action doit se fonder sur une idée générale de l’espèce humaine, qui soit la même dans toutes les cultures. Aussi devons-nous, comme nous y invite Noam Chomsky, revendiquer « le droit à l’universalité“.
Argument 2 : L’idée de l’égalité culturelle dans la différence est un principe qu’il faut promouvoir par l’éducation et faire vivre dans les esprits comme conviction. Le « Contrat Social » signe la formation d’une véritable « identité collective » qui produit une sensibilité à toute agression contre le corps social, et une solidarité par laquelle chaque citoyen dilate son « moi » aux dimensions d’un « nous » La perspective d’une coexistence multi-grégaire et l’exigence citoyenne d’une conscience nationale intégrative sont-elles en soi opposées ? Claude Lévi-Strauss, dans Race et Histoire appelait déjà à préserver la diversité culturelle dans un monde menacé par la monotonie et l’uniformité. La tolérance impose de se situer dans une posture réceptive et objective, puisque, dit-il, « la diversité des cultures est derrière nous, autour de nous et devant nous {et doit être] une manière de construire l’humain ».
Argument 3 : Il faut construire l’homogénéité à partir de l’hétérogénéité. Telle est le défi lancé par Kant dans son Projet de paix perpétuelle et qui invite à faire passer les cultures du mode de la « cacoph onie » à celui de « l’unisson », pour fi nalement arriver à la « symphonie », comme dans le cas d’une chorale ‘où le maître de cœur a réussi à fusionner les voix tout en faisant garder à chacune d’elle sa particularité. Il faut ici encourager et favoriser des initiatives politiques et socioculturelles, à un moment où nos pays subissent des agitations diverses, et où des atteintes à l’harmonie collective s’expriment activement. La création au Cameroun, en 2016, de la commission nationale du bilinguisme et du multiculturalisme est un engagement des autorités de la république en faveur de la diversité culturelle, de la tolérance et du respect de la différence. La réflexion éducative doit se soucier de construire et de renforcer la diversité culturelle à travers une meilleure prise en compte des identités culturelles nationales.
Développer une symbiose entre les tribus et les cultures. C’est d’ailleurs ce qui justifie les politiques nationales d’équilibre dont le but est de ne léser aucune communauté dans la distribution des privilèges nationaux.