Argument 4 : Le principe des « échanges culturels » ou des « dialogues interculturels » est à envisager. Du moment où, comme le disait Cheikh Hamidou Kane, dans l’Aventure ambiguë, « L’ère des destinées singulières est révolue » et ; où aucun peuple ne saurait encore vivre de la seule préservation de soi, il faut rentrer dans la dynamique des échanges enrichissants. Senghor plaidait déjà pour l’avènement d’une « civilisation de l’universel », « rendez-verts du donner et du recevoir ».
Argument 5 : Toute culture oscille entre évolution, mutation et transformation. Telle est l’évidence qui se dégage de l’œuvre monumentale de Marcien Towa. C’est à l’art de démontrer que toutes les cultures sont dans une dynamique instable qui les soustrait à l’authenticité, à l’immobilisme et qui les rend disponible aux enrichissements. En mettant en garde contre toute dilution ou tout ostracisme culturel, A. Césaire, lui aussi, souligne, dans Discours sur le colonialisme, que « Toute culture est un mélange d’éléments effroyablement hétérogènes ».
Argument 6 : L’homme, être d’amour et de penchant pour son semblable, a en lui de quoi faire violence à la violence, de quoi anéantir les velléités belliqueuses que Freud et Lorenz ont crues naturelles en lui : c’est la culture. C’est d’ailleurs pourquoi on parle d’une culture de la paix dans un sens où il développerait comme des anticorps susceptibles de combattre les dérives humanistes telles que la xénophobie et toutes les formes d’individualisme. La culture, la vraie, élève l’homme vers l’idéalité, le soustrait des contingences du monde sensible de Platon comme lieu de la doxa et du valgus.
Argument 7 : Dans Éloge de la différence, Albert Jacquard l’ait justement l’apologie de l’altérité qui doit se voir comme une promesse de bonheur, un appel à la communion, à la fraternité, à ‘Rameur, au sens où le message chrétien nous invite à aimer notre prochain comme nous-mêmes. De même, Marc-Aurèle pense que « Le propre de l’homme, c’est d’aimer même ceux qui l’offensent ». D’où d’ailleurs l’impératif catégorique de Kant : « Agis toujours de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta propre personne que dans la personne d’autrui, toujours ct en même comme une fin et jamais simplement comme un moyen ». La prospérité nationale signifie qu’il n’y a sur le chantier de la construction nationale, ni bassa ni bamiléké, ni Beti, etc, mais des camerounais.
En réalité, « la culture se définit essentiellement par ce qui est partagé et transmis. La culture c’est ce que nous avons en commun avec d’autres. » (Cl. Roy).
L’universalité du genre humain commande donc que les hommes, qui qu’ils soient et d’où qu’ïls viennent, bénéficient des mêmes égards et de la même bienveillance. L’égalité est ainsi le principe séculier de l’Etat de droit et de toute république digne de ce nom

IV. Conclusion
Rappel du problème soulevé par la citation
Rappel succinct de la thèse et de sa critique
Solution personnelle au problème (et ouverture).
A l’évidence, la pluralité/diversité des cultures a très souvent été vite assimilée à un appel à la conflictualité. Ce qui pourrait justifier que la cohabitation de plusieurs groupes culturels soit évoquée comme source de la plupart de tensions sociales et des atteintes au vivre-ensemble.
A travers sa formule Montaigne, écrivain humaniste de la renaissance, fustigeait déjà en son temps la bâtardise culturelle, voire la barbarie à laquelle étaient sommairement condamnées certaines cultures prétendument inférieures. Mais il faut dire que s’il était une vertu justifiant hypocritement les dérives humanistes de l’antiquité telles que l’esclavage et la colonisation, le mythe du barbare est aujourd’hui, surtout par rapport à la mondialisation et aux idéaux du savoir vivre ensemble que caresse notre humanité post moderne, un véritable anachronisme.
Voilà pourquoi ayant certainement scruté les vices d’une culture occidentale un peu trop encline à la satisfaction de l’avoir au détriment de la valorisation de l’être, c’est-à-dire du spirituel et de l’humain, Cheikh Anta Diop, de regretté mémoire, a choisi de donner à Furie de ses plus généreuses productions intellectuelles le titre paradoxal suivant ; Civilisation ou barbarie.